Voilà un récap' de l'histoire... Tout ce que j'ai écrit pour l'instant en fait.
Meremoth, ville autrefois prospère,
menée par des dirigeants coriaces et valeureux, un roi et une reine
prenant soin de leur peuple. Un royaume gouverné depuis toujours par
une lignée guerrière, une famille consciencieuse qui ne lésinait
pas sur les actions afin de venir en aide à la population.
Au cours de l'année précédente,
année du varan, la schylomère prit place dans le corps et l'esprit
de chaque habitants de Meremoth. Le roi devint fou lui aussi et périt
en se jetant du haut des remparts du manoir. Sa femme ne mit pas
longtemps à le rejoindre au pays des Eredith, se laissant entraîner
par le chagrin, si triste d'avoir vu son mari mourir ainsi.
Désormais, le pays est gouverné par
l'unique membre de la famille restant, le frère du roi défin,
Argent Meremoth, l'homme aux dents aussi luisantes que les lames de
ses poignards, celui qui ne donne que peu d'importance au restant du
peuple, celui qui le laisse succomber face à la famine et à la
folie.
Roi, que de titre est il ainsi appelé,
réquisitionnant chaque parcelles de terres cultivables aux paysans,
pratiquant un chantage sentimental auprès de ces Hommes sans grands
espoirs.
Le port est le seul lieu pouvant encore
apporter nourriture aux habitants, seul lieu déclaré car de
nombreux citoyens ont choisi de cultiver en toute clandestinité.
Cultiver et élever pour survivre. Tandis que d'autres ont choisi
l'exil, se retranchant dans les montagnes des neiges éternelles,
loin de ce roi ingrat et de sa gouvernance.
***
Dans une rue étroite des vieux
quartiers, se trouvait une taverne bien connue des ivrognes de la
ville et des marins de passage. Accolée au port de commerce
Immyniant, c'était un lieu emplit d'odeurs de sueur de toutes ces
personnes n'ayant pas la conscience de bien vouloir se laver
régulièrement, un lieu où choppes de bière s'entrechoquaient
constamment et où le sol collait sous les pas de chacun.
Bâtisse aux murs défraîchis, à
l'ossature rongée par les mites et aux tables branlantes et
crasseuses.
Le barman y servait principalement de
la bière dite nordique, une bière
forte et de couleur claire, faite d'un tiers de mousse, secouant les
esprits, permettant à certains de s'évader après une journée de
travail intense.
Jevvël était assise près d'une
fenêtre donnant sur la ruelle. Elle était encapuchonnée dans un
grand manteau en jute, teint d'une couleur verte foncée et
recouvrant tout son corps, ne laissant apparaître que ses mains où
un halo de lumière venait les éclairer. Une mèche de sa chevelure
blonde venait dépasser de son col, reflétant cette lumière dans la
pièce.
Je prendrais un bol de pommes de
terre si vous avez, répondit-elle en levant la tête pour regarder
la serveuse.
Bien ma p'tite dame !
Pardonnez moi de ma confusion, s'excusa t-elle en voyant le visage
de Jevvël.
La serveuse repartit en direction du
comptoir, son plateau à la main. En passant derrière le bar, elle
saisit une coupelle en terre cuite qui traînait, la plongea
furtivement dans l'eau d'un seau et y mit des pommes de terre cuites
qu'elle prit dans le four en pierre qui servait de chauffage à la
pièce. Elle y ajouta un morceau de graisse de cochon, qui fondu et
servit de jus à ce soupé. Elle l'apporta ensuite à Jevvël,
attendant son repas, regardant à travers la fenêtre le vent qui
fouettait les voiles des bateaux.
Jevvël avala tant bien que mal cette
mixture, déposa quelques pièces sur la table puis prit la direction
de la porte.
***
Sortant de cet endroit répugnant,
Jevvël avait gardé quelques patates au fond de sa poche, elle les
déposa dans un angle de rue, près de poubelles éventrées, où des
chiens errants, infestés de puce et infectés également par la
schylomère, vinrent se battre afin d'y attraper chacun sa pitance.
Elle partit sur les quais. Marcha
longuement en contemplant la mer. Vérifiant au fond de ses poches
son argent, elle constata qu'il ne lui restait plus grand chose.
Alors elle décida de voler un de ses riches capitaine de navire.
***
Jevvël passa près d'une caisse en
bois, contenant nombreuses bouteilles de vin rouge, venant de l'autre
côté de l'eau, du pays de Yesteran. Elle y grimpa et s'assit,
baissa son capuchon, ramena sa chevelure le long de sa nuque et prit
un flacon de cet or rouge, attendant qu'un marin lui fasse une
remarque.
Cela ne tarda pas. Un homme s'approcha
d'elle en faisant de grands signes, il lui demanda de descendre de ce
caisson et la menaça de la conduire voir le commandant de bord si
elle ne s’exécutait pas. C'est ce qu'elle attendait et ne bougea
pas. Alors il l'emmena.
***
Ils montèrent à bord du navire et le
moussaillon la traîna par le bras dans la cabine du chef de bord.
Capitaine, cette jeune femme a
voulu nous voler notre cargaison !, énonça l'homme en
poussant la porte de l'habitacle. Je l'ai prise en flagrance en
train de boire une de nos bouteilles de vin de l'Est, s'indigna le
marin en direction de son supérieur.
Le capitaine était derrière son
bureau, scrutant le ciel, regardant les mouettes effectuer des
vas-et-viens entre la terre et la mer, à la recherche de veine
nourriture.
Il esquissa un sourire et se retourna.
Ho, quelle bien belle créature
m'apportes tu là. Ne l'aurais tu pas pêchée en nos eaux
troubles ?, dit il avec un air narquois.
Non mon capitaine. Elle essayait
de...
Je sais nigot !, coupa t-il.
Laisse la moi et repars à tes besognes, nous avons du travail. Nous
quittons le port dans une heure ! Avise l'équipage !
Le marin s'exécuta et ne fut pas peu
rassuré de laisser cette inconnue seule avec son capitaine.
***
Le capitaine était vêtu d'un grand
manteau marron de cuir usé comme en portait les pirates d'autrefois,
de hautes bottes à lanières noires montaient jusqu'à ses genoux et
une épée forgée par les Iniriens, ce peuple reconnu pour ses lames
d'une qualité exceptionnelle, ornait sa ceinture. Il avait une
chevelure noire comme le geai, les yeux d'un bleu troublant et une
barbe teintée de reflets d'un roux timide.
Jolie lame que vous avez là,
lança Jevvël.
Effectivement oui, elle me vient
de mon mentor, paix à son âme.
Le capitaine se perdit quelque secondes
en ses pensées mais recentra son regard sur Jevvël.
Il la scruta dans son ensemble. Il la
trouvait bien jolie pour une femme de son jeune âge.
Jevvël regarda le capitaine. Elle le
trouvait bien conservé, il était peu abîmé par le temps marin et
les vents salés.
Je me prénomme Galarke. Je viens
des contrées de l'Est et je suis capitaine de ce navire, le Tenord.
Et toi, que fais tu à part voler d'honnêtes hommes comme moi ?
Je ne volais guère. J'avais
seulement pour intention de vous rencontrer. On parle beaucoup de
vous de ce côté de la grande étendue d'eau et votre charisme en
fait rêver plus d'une.
Jevvël voulu s'approcher de Galarke et
contourna la grande table en bois qui séparait la pièce, qui était
jonchée de cartes et autres objets utiles aux navigateurs.
Le capitaine empoigna la jeune fille
par le cou et approcha ses lèvres des siennes. Elle le regarda d'un
air surpris mais se mit à sourire. Soudain, il la relâcha en la
laissant tomber sur le sol sans prendre soin de la retenir.
Vous êtes un grand malade vous !,
cria Jevvël, sonnée, encore couchée sur le lambris.
Ne jouez pas à ce jeu avec moi ma
belle. Filles de l'Ouest ou filles de l'Est, rien ne change
vraiment, vous avez la même manière d'agir. Ne vous rabaissez pas
à tout cela. Et rendez moi ma bourse, dit il calmement.
Elle cacha sa main derrière sa cape,
dissimulant le petit sac qu'elle venait de subtiliser au capitaine.
Galarke lui tendit une main. Elle
l'attrapa et prit le temps de mettre la bourse dans sa poche.
Si vous le dites. J'ai dû la
perdre aujourd'hui, en marchant à bord de mon navire.
Ce doit être cela, confirma
t-elle.
Je vous invite à quitter mon
humble demeure, à retourner à vos occupations et que l'on évite
de vous reprendre à nous voler nos cargaisons. Nos clients ne
serait guère peu tristes si l'on vous livrait en cadeau de
compensation.
Bien, acquiesça Jevvël.
Galarke raccompagna Jevvël à la
passerelle du navire. Elle repartit, heureuse d'avoir pu conserver
son butin. Elle voulut ressortir de sa poche son gain quand elle
s'aperçut qu'il n'y était plus. Elle se retourna et vit le
capitaine brandir du bout de ses doigts sa bourse.
Jevvël le fixa d'un regard noir mais
elle ne put qu'admirer la façon dont il s'était joué d'elle. Il
était bien plus malin qu'il n'y paraissait. Elle accepta cette
défaite et repartit à l'opposé d'Immyniant.
***
Il était tard. Le soleil se cachait à
l'horizon et Jevvël n'avait pas d'argent pour se payer une chambre
pour la nuit. Elle devait trouver une solution au plus vite pour ne
pas passer ce crépuscule dans les rues mal fréquentées de la
vieille ville.
Elle décida de se rendre au centre
ville, non loin du manoir du seigneur. Elle n'appréciait guère cet
individu. Depuis sa prise de pouvoir, il n'avait jamais rencontré le
peuple et ne se souciait aucunement de l'avenir de son royaume. Mais
son règne était légitime, il était le frère unique du roi
disparu et cela, au détriment des habitants des terres de l'Ouest.
***
L'auberge de
Trëwin était un lieu de repos pour les Hommes de petite bourse. Un
lieu vétuste n'étant pas pour le moins chaleureux et accueillant
grâce à son propriétaire, ce bon monsieur Verianö, jamais à
court d'histoires du pays d'autrefois.
Nombreux étaient
les voyageurs ayant couché en ces lits et mangé sur ces tables.
Verianö contait sans arrêt les aventures et mésaventures de ces
hommes et femmes de passage en sa demeure.
Verianö contait
une histoire à l'arrivée de Jevvël : « … sous cette
toile sombre tachetée de lucioles argentées, reflétant d'une lueur
lunaire cette translucide rosée.
Regardant l'horizon et appréciant cet
air frais, un embrun pur venant de cette faune et de cette flore
autrefois prospère désormais fanée.
Ce sol écarlate traversé par des
routes enneigées où les lacs gelés sont transpercés par des
colosses au pelage hirsute.
Plongeant leurs pattes dans ces eaux
glacées, pour attraper une ultime nourriture avant d'hiberner.
Epiés au loin par des sauvages aux
yeux de feu, dans ce vaste continent où les festins se font rares.
Ventres vides et cœurs avides, sortant
des bois furtivement, espérant ferrer un morceau de cette viande
pêchée... »
...
Désolé pour les points à la place des tirets, je ne sais pourquoi le blog les mets ainsi et la flemme de les changer, sorry...