...
Elle n'est pas lunatique, elle n'a pas
de problèmes apparents. Sa vie peut paraître belle, sa vie peut
paraître saine et pourtant elle ne l'est pas. Pour des raisons
qu'elle ignore, elle se sent rongée par des démons d'une puissance
in-estimée
Cette forme de cyclothymie, tous ces
troubles névrotiques, cette dépression constante, ces envies de
périr sous la carcasse des bagnoles, cette haine qui prend place
sans prévenir, ces lames qui frôlent de trop près sa chair frêle
et son cœur las, las de cette rétention sentimentale que son esprit
lui oblige à faire...
Parfois, il lui arrive même de vouloir
mourir, d'autres fois elle veut seulement tuer.
Une agressivité énorme s'empare de
son âme.
Pauvre malheureux se trouvant dans les
parages, cours loin ! Cours loin de cette créature, paraissant
si sublime, te charmant pour mieux te détruire.
Une destruction qui fait partie de son
quotidien, ses envies meurtrières agissent sur elle-même et ne
tarderont pas à agir sur les personnes qu'elle aime.
La mort vient souvent lui souffler
quelques mots à l'oreille. Ca l'amuse. Elle s'amuse à la torturer.
Jeune fille à la chevelure changeante,
gamine instable et avide de nouveauté, enfant pleurant face à ses
ennemis, devant à son miroir.
Après avoir déliée sa langue, après
avoir déballée tous ses tourments, si aucunes solutions ne se
présentent, si rien ne la retient, elle partira sûrement loin, loin
de tout ça, loin de lui, loin de cet être tant aimé, cet amour
tant désiré, de ces sentiments qui furent longtemps restés
frustrés dans sa cage thoracique...
Il y aura bien des jours où, seule
dans cet appartement, le sang coulera le long de ses bras, donnant
une magnifique ambiance à cette pale pièce humide et il y aura
aussi des jours, où elle se sentira heureuse comme jamais, grâce à
lui, la faisant rire aux éclats, pleurant de bonheur indéterminé
jusqu'à ce que la prochaine phase arrive, quand le cœur se serrera
de nouveau sans raisons, quand les flots monteront sans couler, où
les cicatrices recommenceront à saigner, où l'esprit ne fera que
douter.
Espérons que le tout dernier souvenir
qu'elle connaîtra, sera celui de son visage souriant, à cette
personne éprise d'amour, ce Magnifique aux yeux cristallins, même
si cela doit se passer dans ce grand bâtiment terne, où la lumière
blafarde du soleil viendra réchauffer son corps avant que son âme
la quitte, le quittant lui également de manière plus ou moins
définitive.
" Certains psychiatres auraient établi un lien entre la cyclothymie et la créativité. "
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